MUXIA, Espagne (Reuters) - Le sous-marin français Nautile a inspecté lundi l'épave du pétrolier Prestige, dont une deuxième nappe de fioul menace les côtes du nord-ouest de l'Espagne.

Les premières recherches effectuées par le bathyscaphe n'ont pas révélé de nouvelles fuites, ont fait savoir les autorités espagnoles, ajoutant que le Nautile poursuivrait ses explorations cette semaine.

"La première indication est que le fioul ne sort pas de l'épave du bateau, mais nous ne pourrons en être sûrs avant demain ou les jours suivants", a déclaré le vice-Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, chargé des opérations de nettoyage.

Connu pour avoir plongé sur l'épave du Titanic, ce sous-marin océanographique a été loué par Madrid pour déterminer si les dizaines de milliers de tonnes de pétrole qui se trouvent encore dans les cuves de l'épave ont été solidifiées par le froid des profondeurs abyssales, comme les autorités l'espèrent.

Le pétrolier qui transportait 77.000 tonnes de carburant avait sombré après s'être brisé en deux le 19 novembre dernier, entraînant le plus gros de sa cargaison par 3.600 mètres de fond.

"Nous n'avons pas vu (davantage de fioul) pendant toute la durée où nous avons été dans la zone", a expliqué Francisco Javier de Moral, technicien de la garde-côtes espagnole. "Mais, à la surface, dans la zone du naufrage, ce n'est pas très facile à distinguer", a-t-il ajouté sur les ondes d'une radio locale.

Une première nappe de pétrole s'est échappée du Prestige lorsqu'une de ses cuves a commencé à fuir le 13 novembre. Plus de 164 plages ont été touchées. La pêche a été interdite sur plus de 400 km de côte.

Une seconde a suivi lorsque le bâtiment, vieux de 26 ans, s'est brisé en deux. La nappe se trouvait lundi à une trentaine de km du littoral. Au gré des vents et courants, elle n'a cessé de s'approcher et de s'éloigner des côtes pendant le week-end. Elle contiendrait entre 9 et 11.000 tonnes de pétrole, soit le double de la première nappe.

Lundi après-midi, cinq bateaux spécialisés ont continué de pomper le pétrole en mer. Trois autres sont venus vider au port 1.500 tonnes de fioul récupérées sur la surface de l'océan. Selon le gouvernement, ils auraient en tout pompé 7.000 tonnes.

UN TOTAL DE 20.000 TONNES A LA MER

Mais des galettes, qui s'en sont détachées, sont venues souiller certaines parties d'un littoral déjà touché par la première marée noire, au grand désespoir des équipes de nettoyage.

Le travail de fourmi des nombreux bénévoles à donc repris, leurs blouses blanches et leurs masques maculés d'un goudron sombre en tentant de redonner leur couleur au sable et aux roches.

Le gouvernement n'a fourni aucune évaluation de la quantité de carburant échappée du Prestige, mais les organisations de défense de l'environnement l'estiment à 20.000 tonnes.

Alors que les dirigeants de l'Union européenne rédigeaient les propositions destinées à accélérer le calendrier concernant l'interdiction des navires à coque simple tels que le Prestige, les autorités espagnoles s'efforçaient de répondre aux accusations.

"Nous ne manquons pas de ressources", a assuré le Premier ministre José Maria Aznar lors d'une conférence de presse. "Aucun pays dans le monde ne peut prédire un désastre d'une telle ampleur et s'y préparer.