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La Caulerpa Taxifolia, l'algue tueuse

   

Caulerpa, été 2000 : le combat continue !
Stéphanie Pascoual

L’algue tueuse continue ses basses oeuvres dans nos eaux méditerranéennes. Rencontres avec ses ennemis intimes, scientifiques et plongeurs anonymes.
A leurs yeux, l’Etat tarde vraiment à mesurer la gravité des dommages.

 

2000 hectares colonisés !

Il était une fois une algue tropicale cultivée dans les aquariums du Musée Océanographique de Monaco. En 1984, elle apparaît dans les eaux qui entourent le musée. Aujourd’hui, la Caulerpa Taxifolia est le fléau des fonds sous-marins français, dont elle a envahi 2000 hectares.

« La force de la Caulerpe, assure Alexandre Meneisz, professeur de biologie marine à l'université de Nice-Sofia-Antipolis, c’est sa capacité à se développer sur tous les substrats (roche, sable, vase) et à faire disparaître la faune et la flore indigène au profit d’un écosystème uniforme. »
Une prairie vert fluo en pleine expansion

Et le professeur Meneisz a des raisons d’être inquiet. Depuis plus de dix ans, il alerte, recherche, informe sur les dangers de la Caulerpe. Pourtant, cette dernière ne cesse d’étendre son tapis fluorescent.

« Depuis un an, on a pu recenser 22 nouvelles zones colonisées, ce qui porte à 90 le nombre de stations en France. Parmi elles, Nice, Ramatuelle et Porquerolles où l’on a découvert 4 nouvelles zones colonisées depuis un an, soit à peu près 20 ha supplémentaires touchés par l’algue. »

Les limaces croqueuses de Taxifolia

Parmi les moyens de lutte, une limace tropicale venue des Caraïbes : l’ascoglosse, actuellement à l’étude dans le laboratoire du professeur Meneisz.

« Cette espèce est le seul prédateur de la caulerpe. » affirme ce dernier. « Seul inconvénient, elle meurt quand il fait froid. Nous avons donc besoin de travailler sur la souche pour l’améliorer. » Pour cela, des crédits supplémentaires sont nécessaires… « Nous avons déposé plusieurs dossiers de recherche au Ministère de l’environnement, déplore Alexandre Meneisz, mais pour l’instant, rien ne passe ».

Le tueur d’algues

Hélas, le dossier « limace » n’est pas le seul à dormir dans les cartons du ministère de l’environnement. Jean-Pierre Charrin, ingénieur EDF à la retraite, est sûr de sa méthode.
Son allié : le cuivre, « le pire ennemi de la caulerpe » ! Son principe : diffuser cet algicide dans de la saumure, directement sur l’algue. Une méthode qui n’intéresse pas les pouvoirs publics. « Il est urgent d’empêcher la caulerpe de s’étendre davantage, clame-t-il, «Moi, je suis là, l’arme au pied ! J’ai envoyé un dossier au ministère et j’attends… ». C’était il y a deux ans de cela.


Pouvoirs publics : une action timide

Les propos du chercheur à l'Ifremer Thomas Belsher sur l’action de l’Etat sont eux plus nuancés. « L’action du ministère est difficile à mettre en œuvre, mais elle n’est pas inexistante.

C’est à sa demande que la campagne Califa a été mise en œuvre et financée à hauteur de 50%,
explique-t-il. A l’aide d’un sonar et d’une vidéo sous-marine, nous établissons une carte précise de la présence de la caulerpe. Cette année Califa 2000 aura lieu dans la rade d’Hyères au mois de septembre. Mais l’écologie a un coût. »
A Port-Cros, une progression maîtrisée

Le mouillage, un des premiers vecteurs d'extension de la Caulerpe.

Action de l’Etat ou non, les plongeurs sont, eux, loin de s’avouer vaincus. Dans le parc national de Port-Cros, ils sont à pied d’œuvre quatre jours par an pour venir à bout du fléau vert.

«Tous les ans, au mois d’octobre, les clubs de plongée partenaires du parc se réunissent. », explique Michel Tinman, agent du parc. « C’est une opération assez lourde, puisque nous parcourons toutes les zones où les bateaux ont mouillés de façon intensive durant l’été pour repérer les zones infectées. »

On arrache à la main

Une fois les balises placées, des plongeurs professionnels arrachent à la main les stolons et les rhizoïdes, l’axe rampant et les racines de l’algue, pour être sûr qu’elle ne repoussera pas.

Une technique qui semble faire ces preuves car, si l’algue n’a pas disparu des fonds de Port Cros, sa progression semble en tout cas aujourd’hui maîtrisée.

« Même s'il est très difficile de vérifier, explique Michel Tinman, nous pensons que la Caulerpa ne couvre pas plus de 3 à 4 mètres carrées du parc. »

Les plongeurs en action


Pour Jacky, responsable du centre de plongée Loisirs Méditerranée à Cavalaire, et membre actif de ce désherbage sous-marin, le processus semble indispensable.

« Pas question de voir les fonds sous-marins se transformer en terrain de golf ! J’ai fait la première campagne de repérage il y a six ans. Aujourd’hui, c’est avec quinze de mes plongeurs que je fais le déplacement même si mon bateau ne mouille qu’une fois par semaine dans le parc. »

Une opération qu’il reproduit à Cavalaire depuis l’apparition de l’algue l’année dernière.


Une redoutable cousine arrive en France


Et pour Jacky comme pour les autres, le combat n’est pas fini, puisqu’une nouvelle venue arrive en France. Comme la Taxifolia, la Caulerpa Racemosa est une espèce tropicale, mais c’est de manière naturelle qu’elle s’installe au large de nos côtes.

Espèce lesseptienne, du nom du concepteur du canal de Suez par lequel elle arrive en Méditerranée au début du siècle, on la trouve aujourd’hui au large de Marseille et dans la rade de Villefranche sur une superficie de 20 ha. Elle serait aussi dangereuse que la Taxifolia. Une autre affaire à suivre.

Septembre 2000 © Source Seamply

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